Célyne Houde, qui est membre et bénévole de Retraités fédéraux, s’efforce de concilier une retraite épanouissante et ses responsabilités de proche aidante.
Dans sa famille, Célyne Houde est la principale proche aidante de ses deux parents, qui vivent dans des établissements séparés. Elle s’implique pleinement, mais en fixant des limites pour maintenir sa propre santé.
Célyne Houde ne peut s’imaginer donner des soins physiques à ses parents. Ce n’est tout simplement pas elle, dit-elle. Mais elle demeure leur proche aidante et assume la responsabilité de leurs besoins, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, s’il y a lieu. Son aide prend plusieurs formes, qui correspondent le mieux à ses compétences : prendre de leurs nouvelles, les aider à trouver des repas préparés, prendre des rendez-vous médicaux et payer les factures.
« Je suis plus une personne qui fait de l’administration », explique cette résidente de Trois-Rivières, qui a pris sa retraite de l’Agence du revenu du Canada à la fin de 2019. « Mon rôle a plutôt consisté à mettre en place des services et à m’assurer que tout se passe bien. [Ça] exige beaucoup de temps et de disponibilité, car les imprévus sont nombreux et constants. »
Elle n’est peut-être pas proche aidante à temps plein, mais son implication est particulièrement exigeante parce que ses parents, tous deux âgés de 93 ans, vivent dans des maisons de retraite séparées depuis que sa mère a eu un accident vasculaire cérébral en 2022. Comme les deux autres enfants sont à Montréal, à deux heures de route, elle est la personne-ressource logique pour leurs parents.
Il y a quelques années, elle a consacré une partie de ses efforts à trouver des moyens de donner à son père un peu de répit pour s’occuper de sa mère, qui était atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle a trouvé quelqu’un pour aider sa mère à prendre son bain, par exemple.
Après son accident vasculaire cérébral, sa mère n’a pas été capable d’apprendre à utiliser un déambulateur. Mme Houde a donc trouvé un établissement mieux adapté à sa perte d’autonomie.
« Si elle tombe, c’est eux qui vont appeler l’ambulance, c’est eux qui vont l’envoyer à l’hôpital », dit-elle. « Moi, je lui rends visite pour voir si tout va bien, comment elle se sent. A-t-elle l’air de paniquer? A-t-elle l’air sereine? »
Toutes les deux visites, elle amène son père.
« Elle le reconnaît encore, ils passent un petit moment ensemble », ajoute-t-elle.
Même s’il a été hospitalisé plusieurs fois récemment, le père de Mme Houde continue de vivre de manière autonome, dans un appartement au sein d’une résidence pour personnes âgées. Elle s’y rend tous les deux ou trois jours, pour apporter de la nourriture et prendre note de ce dont il pourrait avoir besoin.
« J’ai dit “Papa, tu n’es plus capable de changer ton lit, il faut que quelqu’un vienne pour ça, une fois par mois, et faire le lavage.“ [J’ai dû] insister. Il disait “Non, non, je suis capable“, mais je le sais qu’il ne l’était pas et qu’il ne le faisait pas. »
Pour Mme Houde, aucune semaine ne se ressemble. Certaines semaines, elle doit faire un déplacement supplémentaire pour faire réparer la prothèse auditive de son père ou changer la pile de sa montre. À d’autres moments, elle s’occupe de son courrier ou de ses factures. Lorsqu’il a été hospitalisé, elle a rencontré différents prestataires de soins de santé et a pris les nouvelles mesures qu’ils lui ont suggérées.
L’une des difficultés a été de déterminer quels étaient les services à la disposition de ses parents, qu’ils viennent du gouvernement ou de groupes communautaires, et s’il était possible d’avoir des subventions. Par exemple, elle ne savait pas qu’il était possible qu’on vienne faire des prises de sang à domicile.
« Après ça, quand on sait qu’il y a des ressources et qu’on frappe aux bonnes portes, les choses se mettent en place. Mais pour les trouver toutes, c’est du travail! », admet-elle.
Même si ces tâches peuvent être répétitives et compliquer la planification des vacances, Mme Houde dit qu’elle se sentirait mal de ne pas les faire. Elle sait également que son père s’ennuie seul et qu’il est peu enclin à participer à des activités sociales à la résidence.
Pourtant, elle a établi des limites sur son niveau d’implication dès le début.
« Je n’irais pas habiter chez mon père. Et il n’était pas question d’amener ma mère ici. Elle n’aurait pas pu monter à l’étage pour aller dormir », mentionne-t-elle.
Elle continue également à faire les activités qu’elle aime. Lorsqu’elle a une semaine chargée, elle dit à son père qu’elle doit espacer ses visites.
« Moi, mes belles années sont là. Si je n’en profite pas maintenant, je pourrais tomber malade plus tard », dit-elle. « Dans le fond, mon conseil, c’est de ne pas s’oublier. »
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