Le Parti conservateur uni de la première ministre Danielle Smith a réussi de justesse à former un gouvernement majoritaire, mais il devra travailler dur pour séduire les grandes villes de la province. (Photo : Chris Schwarz/gouvernement de l’Alberta)
Le 1er mai 2023, les élections provinciales de l'Alberta ont été déclenchées, mettant en lice le Nouveau Parti démocratique (NPD) de Rachel Notley et le Parti conservateur uni (PCU) de Danielle Smith. Lorsque la fumée a recouvert la province en raison des incendies de forêt, un état d'urgence a été décrété et la campagne a fait une pause.
Lorsque la campagne a été relancée, le gouvernement de Danielle Smith, entaché de scandales, a subi une forte pression, car les sondages révélaient que la course était au coude à coude pendant la majeure partie de la campagne. Au bout du compte, le PCU de Mme Smith a remporté la victoire. Malgré une perte de 15 sièges, le PCU a obtenu un gouvernement majoritaire de 48 sièges, alors que le NPD en récoltait 38. Il s'agit du gouvernement à la majorité la plus faible de l'histoire de l'Alberta, ce qui accentuera encore la pression sur Mme Smith. Ses partisan·e·s restent profondément divisés. Sous sa direction, de nombreux électeur·trice·s traditionnellement conservateurs se sont sentis abandonnés, alors que le parti prenait un virage plus serré vers la droite.
Les résultats ont également confirmé que l'Alberta est une province à deux partis politiques et profondément polarisée entre les villes et les campagnes. Alors que le PCU a remporté presque tous les sièges ruraux de la province, le NPD a balayé Edmonton et a volé la plupart des sièges à Calgary. De plus, aucun parti enregistré autre que le NPD et le PCU n'a obtenu un seul point de pourcentage du vote.
Pour gagner la confiance des citoyen·ne·s des grandes villes de l'Alberta, la première ministre Smith devra travailler dur. L'Edmonton Journal a qualifié les résultats des élections de « pire scénario possible pour Edmonton », affirmant qu'« il n'est pas inconcevable que [le PCU] fasse pression pour des politiques qui entreront en conflit direct avec les valeurs de la plupart des habitants d'Edmonton [...] et il ne serait pas surprenant de voir apparaître un régime de retraite provincial et d'autres politiques d'inspiration séparatiste » [traduction libre].
Avant la campagne, le PCU avait étudié la possibilité de retirer l'Alberta du Régime de pensions du Canada (RPC). Mme Smith n'a pas fait campagne en promettant un régime exclusif à l'Alberta, mais a déclaré que l'idée pourrait être réexaminée après l'élection.
En réponse, le DG de Retraités fédéraux, Anthony Pizzino, a rédigé un article d'opinion qui a été publié dans le Globe and Mail. M. Pizzino commence par souligner qu'à peine 21 % des Albertain·e·s estiment que les provinces devraient se retirer du Régime de pensions du Canada, et ajoute que le RPC est toujours bien financé et qu'il a toujours versé des prestations en toute sécurité. Les rapports du Bureau de l'actuaire en chef du Canada (BAC) ont toujours indiqué que le Régime de pensions du Canada (RPC) est viable sur une période de projection de 75 ans, et que le régime dispose de mécanismes de protection contre toute ingérence politique dangereuse dans les investissements qui pourrait nuire à la capacité du régime de verser les pensions.
« Un régime provincial diluerait et affaiblirait le RPC et rendrait les pensions de nos membres vivant en Alberta et de nos futurs membres plus vulnérables et moins viables », a affirmé M. Pizzino. « L'établissement d'un régime de retraite pour l'Alberta comporte beaucoup plus de risques pour toutes les parties concernées que le maintien d'un régime qui fonctionne depuis 57 ans et qui devrait fonctionner encore pendant au moins 75 ans. »
L'Association recommande vivement à Mme Smith d'abandonner tout projet visant à pousser l'Alberta à quitter le RPC.