En vieillissant, nous perdons l’équilibre, levons les jambes moins haut et pouvons ressentir des étourdissements à cause des médicaments. Cela peut entraîner des chutes dangereuses, dont beaucoup sont évitables, selon les médecins.
Le mois de septembre dernier a été dur pour Lilianne Fuller, qui a fait deux chutes. La première fois, elle s’est cassé le nez et a subi une légère commotion cérébrale quand, alors qu’elle sortait d’une voiture, ses pieds se sont emmêlés dans son sac à main, qu’elle avait laissé sur le plancher.
La deuxième fois, elle venait d’arriver à l’aéroport Leonardo da Vinci–Fiumicino de Rome pour le « voyage de sa vie ». Se précipitant vers le carrousel à bagages, Mme Fuller a trébuché sur la bordure d’une aire de jeux pour enfants. « J’ai littéralement fait un vol plané », dit-elle. « C’est arrivé si vite. »
Lors de cette dernière chute, cette résidente de Langley, en Colombie- Britannique, et commis aux finances et à la gestion du matériel à la retraite d’Agriculture Canada, s’est fracturé un poignet et un coude. Cependant, l’étendue de ses blessures n’a été constatée qu’à son retour.
Mme Fuller s’est rétablie physiquement, mais elle souligne que les accidents, tous deux évitables, « m’ont rendue beaucoup plus hésitante lorsque je marche, presque un peu craintive ».
En tant qu’aînée, Mme Fuller n’est pas la seule à souffrir des conséquences potentiellement graves d’une chute. Selon l’Agence de la santé publique du Canada, entre 20 et 30 % des aînés font une ou plusieurs chutes chaque année et la chute est la principale cause d’hospitalisations liées à des blessures chez les personnes de 65 ans et plus.
Une chute grave peut entraîner une diminution de la qualité de vie en raison de la douleur ou de l’invalidité de longue durée, une perte d’autonomie, y compris une admission prématurée dans un établissement de soins de longue durée et un isolement dû à une invalidité ou à la peur de tomber de nouveau.
Les coûts sociaux comprennent non seulement des milliards de dollars chaque année en dépenses de soins de santé, mais aussi les pertes incalculables pour nos communautés, lorsque des personnes qui contribuent à la société et sont en bonne santé se retrouvent ainsi en marge.
Pourquoi ces chutes?
Avec l’âge, nous perdons de la masse musculaire, notre équilibre et notre vision diminuent, et notre temps de réaction ralentit, selon José Morais. Ce professeur de médecine à l’Université McGill, également directeur de la Division de gériatrie de cette université, a créé un programme d’exercices en ligne pour aider à réduire le risque de chute chez les aînés fragiles.
Le danger de chute augmente fortement lorsque nous atteignons 75 ans, et particulièrement 80 ans, dit-il, et de multiples facteurs entrent en jeu. « Si vous perdez l’équilibre, vous devez rétablir la position de votre corps dès que possible, mais si votre réaction est retardée, vous vous retrouverez sur le sol. »
M. Morais rappelle que, s’il faut faire du slalom entre les obstacles d’une maison encombrée, cela augmente les chances de tomber. La personnalité peut constituer une autre embûche : « Certaines personnes continuent de prendre des risques. Nous voyons des hommes qui, malgré leur âge avancé, essaient de nettoyer les gouttières. »
Ajoutez à cela des articulations douloureuses qui limitent les mouvements, des chaussures mal ajustées ou glissantes, des troubles cognitifs, un mauvais éclairage dans les escaliers ou ailleurs, et la nécessité de se précipiter aux toilettes à cause de l’incontinence, et on peut s’étonner que les chutes d’aînés ne soient pas plus nombreuses.
Les chutes ne sont pas inévitables
La plupart des chutes sont à la fois prévisibles et évitables, selon des sources comme l’Unité de recherche et de prévention des blessures de la Colombie-Britannique (BC Injury Research and Prevention Unit, ou BCIRPU).
Pour éviter de tomber, évaluez d’abord votre risque. Une évaluation en ligne comme celle offerte par cette unité est un outil simple et rapide, avec des énoncés auxquels il suffit de répondre oui ou non, comme « J’ai de la difficulté à monter sur un trottoir » et « Je prends des médicaments pour m’aider à dormir ou à améliorer mon humeur ». Si votre pointage indique que vous êtes à risque de tomber, il est temps d’agir, et cela comprend parler à votre fournisseur de soins de santé des prochaines étapes à suivre.
La clé de la sécurité, c’est l’exercice, car il fait tout le nécessaire, de la remusculation, en particulier des jambes dont la détérioration liée à l’âge est fréquente, au renforcement des os, en passant par la réduction du risque de fracture en cas de chute. En fait, l’exercice qui améliore la force et l’équilibre est la stratégie de prévention des chutes la plus efficace, selon la BCIRPU. Si vous avez un problème médical préexistant, assurez-vous par contre de parler à votre médecin avant de commencer un programme d’exercice.
Selon M. Morais, l’exercice régulier améliore également la santé cardiovasculaire, stimule l’appétit et améliore le sommeil, des éléments importants pour continuer à être en bonne santé alors que nous progressons en âge.
« C’est la meilleure pilule qui soit. »
Les programmes d’exercices pour réduire le risque de chute des aînés (en passant, Mme Fuller s’est inscrite à un programme) sont partout, allant de cours en ligne à des cours gratuits dans la communauté, comme le PIED (Programme intégré d’équilibre dynamique), offert par les organismes de santé publique de l’Ontario et du Québec pour prévenir les chutes chez les aînés autonomes. Le yoga, le Pilates et le tai-chi peuvent également améliorer l’équilibre, la force et la flexibilité. Toujours selon M. Morais, la marche, qui ne coûte rien, est une autre stratégie d’exercice pour lutter contre le risque de chute, tout en procurant 80 % des avantages de la course.
L’exercice permet également d’éviter la crainte de tomber que peuvent éprouver les aînés. Comme nous percevons une perte de stabilité, nous bougeons moins et en faisons moins, dit M. Morais. Cela diminue la force, l’équilibre, la flexibilité et, comme dans le cas de Mme Fuller, la confiance en soi, ce qui exacerbe le manque d’activité. « Cela crée un cercle vicieux. »
Les aînés fragiles peuvent bénéficier du programme d’exercices physiques pour aînés du nom de Safe. Développé par l’Université McGill sous la direction de M. Morais, ce programme en ligne comprend une série de vidéos d’exercices à domicile pour réduire le risque de chute. M. Morais précise que le programme réduit les chutes de jusqu’à 40 %.
Protection contre les chutes à la maison
Votre domicile peut constituer un dangereux champ de mines qui favorise les chutes.
À titre d’exemple, les tapis avec des franges accrocheuses (nous ne levons plus les pieds aussi haut quand nous vieillissons), les baignoires et douches sans barres d’appui, un vieil escabeau sans rail de sécurité et des escaliers mal éclairés entraînent des risques d’accident.
Pour plus de conseils sur la sécurité et la prévention des chutes à la maison, consultez le guide d’Anciens Combattants Canada.
Si vous tombez, prenez votre temps pour vous relever. Si vous êtes blessé ou si vous ne parvenez pas à vous relever, appelez pour obtenir de l’aide médicale. Et informez votre médecin de la chute, au cas où un médicament ou un autre problème y serait associé.
Les deux chutes de Mme Fuller ont provoqué une prise de conscience. Désormais, elle prête plus attention à son environnement et a beaucoup ralenti.
« J’ai 68 ans et il me reste encore beaucoup d’années, j’espère. Comme je voyage et que je veux être physiquement active, je pense que ce serait mieux de le faire sur deux pieds, pas à quatre pattes. »
Ressources sur la prévention des chutes
Prévention des chutes chez les personnes âgées
Safe: Soutien aux aînés pour la forme et l'équilibre
Parachute
La prévention des chutes en cinq jours
Lundi : Remplacez les chaussures glissantes avec des bottillons, des chaussures et des bottes à semelles antidérapantes.
Mardi : Passez un examen de la vue. Les conditions liées à l’âge comme la dégénérescence maculaire peuvent réduire l’acuité visuelle et augmenter le risque de chute.
Mercredi : Vérifiez les effets secondaires de vos médicaments, notamment pour les étourdissements et la somnolence, qui augmentent le risque de chute. Si les effets secondaires vous préoccupent, parlez-en à votre médecin.
Jeudi : Si vous utilisez une brosse à dents électrique, améliorez votre équilibre en vous tenant debout sur une jambe, l’autre étant relevée à un angle de 90 degrés. Alternez les jambes toutes les 30 secondes. Assurez-vous de toujours avoir un appui si vous commencez à basculer.
Vendredi : Mangez-vous sainement et buvez-vous beaucoup de liquides? Cela aide à maintenir la force musculaire et des os solides et à prévenir les étourdissements et le manque de coordination.