Kyle Scott, au centre, présente la Médaille canadienne du maintien de la paix et une barrette de l’OTAN au vétéran Wayne Inkpen. À droite se trouve le père de Kyle, Brian, un vétéran de la marine et président de la filiale de la Légion à Whitecourt, en Alberta.
Si les soldats doivent servir, alors les armées et les nations se doivent de reconnaître leurs sacrifices pour défendre le pays et la liberté. Mais cette reconnaissance n’a pas toujours lieu. Les médailles sont parfois créées après la fin du service d’un soldat. Bon nombre de soldats en service ne se soucient pas des médailles auxquelles ils peuvent avoir droit. Plus tard, ces médailles prennent par contre un nouvel attrait, leur rappelant leur service et la gratitude d’une nation.
Jeff Rainey, un vétéran d’Edmonton, a servi deux fois en Afghanistan. Après avoir été blessé lors de sa deuxième affectation, il a pris sa retraite. Il pensait bien avoir droit à une médaille.
« Mais, vous savez, les soldats veulent servir. C’est exactement le contraire de demander quelque chose », a déclaré M. Rainey en entrevue. « Nous pourrions donc ne pas nous donner la peine de découvrir quelles médailles et barrettes nous reviennent. C’est, simplement, ce que la plupart des soldats pensent. »
À son retour au civil, M. Rainey a constaté être moins blasé. « Quand vous êtes parti, la question de la reconnaissance devient importante. Vous commencez à penser qu’il serait vraiment satisfaisant d’avoir les médailles qu’on vous doit épinglées sur votre poitrine le jour du Souvenir. »
M. Rainey a heureusement appris qu’un autre vétéran, Kyle Scott, un agent d’entraide de la Légion de Whitecourt, en Alberta, connaissait tout sur la reconnaissance militaire et aidait des centaines de vétérans du pays à obtenir les distinctions méritées.
M. Rainey a soumis son dossier militaire à M. Scott, qui lui a dit qu’il était admissible à une médaille pour son travail logistique en Turquie et à une barrette pour son service en Afghanistan. Après les formalités administratives, M. Rainey a obtenu des distinctions honorifiques dont il n’aurait même pas eu connaissance autrement.
M. Scott, qui a aidé environ 750 vétérans à obtenir leurs médailles, estime ne faire que son travail.
« La vie militaire peut comporter beaucoup de sang, de sueur et de larmes et, bien sûr, il est très important de reconnaître les soldats pour le travail important qu’ils font pour le Canada », dit M. Scott, ajoutant que les médailles importent aussi aux familles des vétérans. « Elles doivent être respectées et chéries, et transmises aux descendants, pour continuer à raconter l’histoire d’un vétéran en particulier. »
L’un des premiers soldats qu’il a aidés était un vétéran de la marine âgé de 103 ans qui a appris qu’il avait droit à des étoiles de campagne pour son service pendant la Seconde Guerre mondiale. « Il n’a pu les porter qu’une seule fois avant de mourir, mais elles étaient une véritable source de fierté pour lui », dit M. Scott.
La page Facebook de M. Scott, Canadian Veterans : Owed or Missing Medals, constitue une excellente source pour quiconque cherche de l’information sur ce sujet.
« Sur Facebook, j’ai la chance de discuter avec bien des vétérans et d’entendre parler de leur service. Pour moi, il est incroyable de voir le nombre de personnes à qui l’on doit des médailles, ou qui les ont reçues et perdues, se les sont fait voler, ou les ont peut-être perdues dans le brouillard d’un divorce. »
Le processus de M. Scott est simple. Il a une première conversation avec les vétérans, en prenant note de leurs déploiements. Après avoir déterminé ce à quoi un vétéran a droit, il envoie des formulaires de demande. Normalement, il faut compter environ six semaines pour recevoir les médailles, mais en raison de la COVID-19, les délais d’attente sont en fait bien plus longs.
Gary Campbell, conseiller national en matière de médailles de la Légion au Nouveau-Brunswick, ne tarit pas d’éloges sur le travail de M. Scott. « Ce qu’il fait est merveilleux. Personne n’en fait autant pour ces vétérans que Kyle. »
Selon M. Campbell, la principale raison pour laquelle les vétérans n’obtiennent pas leurs médailles est que celles-ci sont souvent autorisées après que le soldat n’est plus en service. La Médaille du service spécial, par exemple, a été autorisée au début des années 90, mais s’applique au service remontant aux années 50. La Médaille du service volontaire canadien pour la Corée a été autorisée longtemps après la fin de la guerre de Corée au début des années 50. De création récente, l’Étoile de l’Arctique reconnaît le service durant la Seconde Guerre mondiale au nord du cercle polaire, principalement dans les convois vers la Russie. « Ce n’en sont que quelques-unes », précise M. Campbell.
« Une liste complète pourrait comprendre une demi-douzaine d’autres. »
Anciens Combattants Canada (ACC) appuie sans réserve tous les efforts déployés pour que les vétérans reçoivent les médailles et les distinctions honorifiques qu’ils ont méritées. Pour reprendre les propos de Marc Lescoutre, agent principal des communications, « les vétérans canadiens ont un héritage de service et de sacrifice dont nous devrions tous nous souvenir. »
Pour les distinctions honorifiques relatives à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre de Corée, il faut envoyer les formulaires à ACC. Pour celles qui sont décernées postérieurement à la guerre de Corée, il faut envoyer la demande à la Direction des distinctions honorifiques et reconnaissance des Forces armées canadiennes.
Certaines distinctions honorifiques viennent d’autres gouvernements. La Corée du Sud, par exemple, vient de créer une médaille pour les soldats qui ont servi pendant la guerre de Corée, et la France décerne la Légion d’honneur.
Pour en savoir plus, consultez le site Web d’ACC, la page Facebook de Kyle Scott ou un agent d’entraide de la Légion de votre localité.