Né pour servir

20 février 2025
Régis Charron.
Depuis son enfance, Régis Charron a pour mode de vie de contribuer à prendre soin de la communauté.
 

Tenter de suivre le parcours de bénévolat de Régis Charron n’est pas une mince affaire. Commencé tôt, ce parcours s’est déroulé parallèlement à sa carrière de 32 ans et demi au Service correctionnel du Canada. Et depuis qu'il est à la retraite, il ne montre aucun signe de ralentissement.

M. Charron, qui a passé le relaisà titre de président de la Section de la Haute-Yamaska du Québec après 16 ans à ce poste au printemps dernier, considère son engagement auprès de Retraités fédéraux comme une façon de témoigner de sa reconnaissance pour le soutien qu’il a reçu de ses collègues de l’établissement de Cowansville, un pénitencier à sécurité moyenne où il a commencé à travailler à l’âge de 21 ans. Un grand nombre de ses anciens collègues sont devenus membres de la section.

« C’est comme donner au suivant », explique-t-il. Les gens m’ont beaucoup aidé à m’intégrer dans ce milieu; les plus vieux étaient toujours là pour nous conseiller. Donc, tu redonnes à ces gens-là. Moi, c’est ma personnalité. »

Natif du Saguenay, à 200 kilomètres au nord de Québec, M. Charron retrace ses racines en tant que bénévole dans un pensionnat dirigé par les Frères maristes, où il a appris le travail communautaire et acquis des compétences pratiques.

Cela lui a été fort utile quand il est revenu à la maison pour terminer l’école secondaire dans un quartier qui n’offrait aucune activité pour les jeunes. Avec un groupe d’amis, il a décidé de rénover une patinoire abandonnée et de mettre sur pied des équipes de hockey.

« C’est ce qu’on faisait au pensionnat : on montait les patinoires, on préparait la glace, on traçait les lignes. On a répété ce qu’on avait appris pour s’occuper des plus jeunes. »

En 1973, M. Charron a commencé à travailler à l’établissement de Cowansville, au Québec, où il a mis en œuvre un nouveau programme correctionnel visant à mieux connaître les détenus et à les préparer à une réintégration harmonieuse dans la société. Après plusieurs promotions, il a changé d’orientation pour aider à gérer les opérations quotidiennes. Ce service supervisait tout, de l’informatique à la logistique.

À l’exception d’un passage de quatre ans à La Macaza, un établissement situé dans les Laurentides, M. Charron a passé la majeure partie de sa carrière à Cowansville. Au cours de ces années, son épouse et lui ont également consacré beaucoup de temps libre à faire du bénévolat pour les activités de leurs trois enfants, ce qui allait de l’entraînement au baseball et au hockey à l’accompagnement des scouts lors de leurs excursions.

 Apprenant à vie, M. Charron est retourné aux études pour obtenir un diplôme en travail social et d’autres qualifications. Il a également fait pression pour que la commission scolaire locale certifie la formation technique des détenus auprès du CORCAN, l’organisme qui offre un programme d’emploi et d’employabilité aux délinquants.

Au début des années 2000, il s’est porté volontaire pour participer à une mission civile en Haïti avec les Casques bleus des Nations Unies, en tant que conseiller technique du pénitencier national d'Haïti.

Cette décision a changé sa vie.

« Je faisais le tour du pénitencier pour voir s’il n’y avait pas trop de violence, comment les détenus étaient traités », dit-il. « Environ 95 % de la population carcérale n’avait pas eu de procès. » 

Alors que la mission a été écourtée pour des raisons de sécurité, M. Charron est retourné au pays plusieurs fois pour l’ONU, y compris après sa retraite en 2005. Malgré les médailles de l’ONU et du Canada décernées pour son travail, ce qu’il a vécu là-bas lui a valu une leçon d’humilité.

« Vous n’avez pas idée de la misère que vous voyez là-bas. C’est une autre planète. Les gens ont toujours été gentils avec moi », lance-t-il. « J’ai appris plus que ce que j’ai donné. » 

 

Cet article a été publié dans le numéro du l'hiver 2024 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?