Rencontrez votre nouvelle ministre des aînés

07 juin 2022
Kamal Khera.
Entre autres promesses d’améliorations à la vie des aînés, Kamal Khera ne modifiera pas la structure des pensions à prestations déterminées.
 

Elle n'a que 33 ans, mais la ministre des Aînés Kamal Khera possède déjà une expérience plus pertinente pour son nouveau poste de ministre des Aînés que son âge ne le laisse supposer.

Lors de sa nomination en octobre 2021, l'infirmière diplômée devenue politicienne connaissait de première main les ravages de la COVID-19 infligés au système de soins de santé et à des foyers de soins de longue durée du pays. Première députée à l'annoncer publiquement, elle a contracté la COVID-19 à la fin de mars 2020 et, dès la fin de sa période d’isolement, s’est empressée de devenir bénévole dans un foyer de soins de longue durée gravement touché dans sa circonscription de Brampton-Ouest.

« Lorsque cette pandémie a frappé il y a deux ans, il y avait une énorme pénurie d'infirmières et l'Association des infirmières et infirmiers autorisés de l'Ontario avait demandé aux anciennes infirmières de s'inscrire et de se préparer à la réponse à la pandémie », explique Mme Khera. « Je l’ai fait. Je savais que Brampton comptait un foyer de soins de longue durée parmi les plus durement touchés. [Il] a incité le gouvernement de l'Ontario à demander l'aide des Forces canadiennes. J'ai pu les aider, en donnant des bains [aux résidents], en les nourrissant et en leur donnant leurs médicaments. C’était dur. À l’époque, la moitié du personnel avait eu un diagnostic positif et certains travailleurs avaient trop peur pour se présenter. Il ne restait que quelques travailleurs de la santé, obligés de se débrouiller. »

Elle se souvient particulièrement de Heather, une infirmière avec qui elle a travaillé en étroite collaboration.

« Elle n'est pas rentrée chez elle pendant deux semaines et a dormi au foyer [de soins de longue durée]. Elle disait que si elle partait, il n'y aurait personne pour s'occuper d'eux », précise Mme Khera. « Dans mon nouveau rôle de ministre des Aînés, j’y pense souvent. »

Après son bénévolat, la COVID-19 a encore frappé Mme Khera, élue pour la première fois au Parlement en 2015 dans la majorité libérale, d'une autre manière. Son père et un oncle très proche sont décédés coup sur coup. Tous deux avaient déjà eu la COVID-19, mais elle n’a pas mis fin à leur vie. En décembre 2020, elle a décidé de se rendre aux États-Unis pour assister à leur service commémoratif. Prise alors qu’on demandait aux Canadiens d'éviter tout voyage non essentiel, sa décision l’a forcée à démissionner de son poste de secrétaire parlementaire de la ministre du Développement international, car elle ne voulait pas « détourner l'attention du travail important de notre gouvernement pour continuer à lutter contre cette pandémie ».

Pour cette jeune députée qui a facilement battu trois candidats conservateurs différents d'affilée aux élections de 2015, 2019 et 2021, ce dernier portefeuille représente une seconde chance.
 

Le projet de loi C-12, un premier succès

Le projet de loi C-12 est la première corde à l’arc législatif de Mme Khera, par rapport à son portefeuille. Il a reçu la sanction royale le 3 mars 2022.

Tirant son origine de l’une de ses premières séances d'information après son élection à l'automne 2021, il décrivait en détail la détresse des aînés qui ont touché des prestations pendant la pandémie, ce qui a réduit, voir éliminé, leur Supplément de revenu garanti (SRG).

« Nous connaissons les défis colossaux que [ces aînés] doivent relever, et je voulais m'assurer de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour les indemniser et veiller à ce que cela ne se reproduise pas », explique Mme Khera. « J'ai travaillé en très étroite collaboration avec notre ministre des Finances, pour investir considérablement dans la mise à jour budgétaire et nous assurer de pouvoir indemniser pleinement les aînés qui ont reçu des prestations en 2020 et dont le SRG a été touché. »

Le projet de loi C-12 garantit que le problème ne se reproduira pas, dit-elle, et c'est grâce au beau travail de tous les partis que le projet de loi a pu être adopté.

« En politique, il n'arrive pas souvent que les gens se rencontrent et font avancer les choses, et c'est un dossier que nous avons fait progresser très rapidement », enchaîne-t-elle, fière de la coopération qu'elle a reçue de ses collègues des autres partis.
 

Priorités en matière de pensions

Alors que le gouvernement cherche à réduire les dépenses pour la reprise postpandémique, s’engagera-t-il à maintenir les pensions à prestations déterminées durables et bien gérées qui font partie de la rémunération des fonctionnaires fédéraux, des membres des Forces armées canadiennes (FAC) et de la GRC? Mme Khera promet que ce sera le cas.

À son avis, qu’il s’agisse de sauver des vies sur les lignes de front des foyers de longue durée, de livrer des vaccins, de secourir des Canadiens lors de catastrophes naturelles ou de jouer un rôle dans la guerre en Ukraine, les Canadiens se sont vu rappeler le « travail crucial » des FAC. Elle loue également le travail des fonctionnaires et des membres de la GRC.

« Notre gouvernement assurera la viabilité à long terme et l'abordabilité des régimes de retraite du secteur public et ne modifiera pas la structure des prestations déterminées », dit-elle.

En ce qui concerne les questions plus générales liées aux pensions, Mme Khera rappelle que, lors de leur première session parlementaire, les libéraux ont ramené l'âge d'admissibilité à la Sécurité de la vieillesse (SV) de 67 à 65 ans. Ils ont également prévu un paiement unique de 500 $ en août 2021 pour les retraités âgés de 75 ans ou plus au 30 juin 2022, ont augmenté le SRG de 10 %, et déclaré que tous les aînés recevraient une augmentation de 500 $ pour les personnes seules et de 750 $ pour les couples à partir de 65 ans. Ils estiment ainsi sortir 45 000 aînés de la pauvreté. Mais le programme de 2021 précisait que cette augmentation de 10 % ne viserait que les aînés de 75 ans et plus. Et qu’elle ne serait en vigueur qu’en 2022.

Pour contrer les accusations de l'opposition selon lesquelles les libéraux créent ainsi un système à deux vitesses en n'augmentant la SV que pour les aînés de plus de 75 ans, Mme Khera affirme que les besoins financiers des aînés augmentent avec l'âge.

« Ils sont plus susceptibles d'être handicapés et d'épuiser leurs économies. Nous augmenterons la SV pour les aînés de 75 ans et plus cet été. La sécurité financière a été une priorité de notre gouvernement depuis le premier jour et je m'engage envers les aînés canadiens à veiller à ce que nous en fassions plus. »

Kamal Khera.
Kamal Khera prend la parole à la Chambre des communes, où elle a réussi à faire adopter le projet de loi C-12 au début de son mandat de ministre des Aînés.
 

Soins de longue durée

Le budget 2021 prévoyait des engagements ponctuels, dont 3 milliards de dollars pour le maintien des normes en matière de soins de longue durée et 90 millions de dollars pour une stratégie de vieillissement à domicile.

Mme Khera affirme que la pandémie a montré la nécessité de ces deux mesures. La stratégie Vieillir dans la dignité chez soi finance des organismes de services aux aînés pour qu’ils offrent du soutien pratique, comme des repas, des services d'entretien ménager ou de jardinage, aux aînés vulnérables dans leur propre communauté, dit-elle.

« Il s'agit d'une initiative très intéressante pour mobiliser ces organismes et reconnaître l'importance, pour les aînés, de pouvoir vieillir chez eux », enchaîne-t-elle.

La pandémie a révélé de nombreuses lacunes dans le système canadien, mais aucune ne ressort peut-être autant que la façon dont le pays traite ses aînés en établissement. Dans la description qu’en fait Mme Khera, l'infirmière de métier remonte à la surface.

« Nous avons vu les lacunes exposées dans le contrôle des infections et de la prévention, la dotation, l'infrastructure et les politiques de visite », dit-elle. « Durant cette pandémie, notre gouvernement a donné la priorité à la protection des aînés les plus vulnérables de plusieurs façons. Entre autres, en investissant des milliards de dollars dans l'achat d'EPI [équipement de protection individuelle] et en continuant à collaborer avec les provinces et les territoires pour s'assurer que les foyers de soins de longue durée avaient accès à la protection dont ils avaient besoin. En avril 2020, lorsque j'étais au foyer de soins de longue durée, il n’y avait même pas d’EPI permettant aux travailleurs de faire leur travail, tout en assurant leur sécurité et celle des résidents. »

Au printemps, les deux groupes qui travaillent sur les normes relatives aux soins de longue durée — l’Organisation des normes de santé et l'Association canadienne de normalisation — ont publié leur rapport préliminaire et consultent maintenant le public.

« J'espère vraiment que les Canadiens participeront à cette période de consultation, car je pense que nous devons entendre tous ceux dont la vie a été touchée », dit-elle.

La lettre de mandat de Mme Khera veut qu'elle mette sur pied , avec l'appui du ministre de la Santé, un groupe d'experts chargé de formuler des recommandations sur une prestation pour le vieillissement à domicile. Toujours prévue, la prestation n’existe pas encore.
 

Situation des vétérans

Pour s'attaquer aux problèmes touchant les vétéranes, Mme Khera explique qu'Anciens Combattants Canada a créé le Bureau des femmes et des personnes LGBTQ+, qui déterminera les difficultés de ces groupes et s'efforcera de les résoudre, indépendamment de leur sexe biologique, de leur identité de genre, de leur orientation sexuelle ou d'autres facteurs d'identité.

« Il reste beaucoup à faire, mais nous sommes résolus à faire progresser les services offerts aux vétéranes et aux personnes LGBTQ2+ en fonction de leurs besoins particuliers liés au service », souligne Mme Khera, dont le frère a servi dans l'Aviation royale du Canada jusqu'à tout récemment.

En décembre, les libéraux ont présenté des excuses aux vétérans et aux membres des FAC qui ont été victimes de discrimination, d’agression ou de harcèlement d’ordre sexuel et les libéraux sont déterminés à « prendre des mesures pour faire mieux ».

« Nous continuerons d'entreprendre le travail essentiel nécessaire pour gagner et rétablir la confiance de ceux qui ont été touchés, renforcer les mécanismes de responsabilisation et favoriser un milieu de travail sûr et inclusif. »

Pour les familles touchées par la clause sur les mariages après l’âge de 60 ans, qui empêche les vétérans qui se remarient après 60 ans de laisser la moitié de leur pension à leur nouveau conjoint, alors que ceux qui se marient avant 60 ans le peuvent, les libéraux ont affecté 150 millions de dollars en 2015 pour créer un fonds pour les survivants des vétérans qui « travaillerait avec la communauté » pour identifier les survivants touchés et s'assurer qu'ils ont le soutien nécessaire. Mais les mises à jour ont été rares. Mme Khera indique qu'Anciens Combattants Canada a collaboré avec Statistique Canada pour « examiner le revenu et les caractéristiques de ces survivants et a demandé à l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans de consulter les survivants pour mieux comprendre le soutien financier dont ils ont besoin, ce qui servira à guider les prochaines étapes ». Mais sans pouvoir préciser d'échéancier.


Citations de Kamal Khera

Sur le rôle de l’Association nationale des retraités fédéraux dans son portefeuille :

« L'Association joue un rôle très important pour défendre les aînés et les enjeux qui leur importent, fondamentaux pour chaque aîné. Nous avons eu d'excellentes conversations sur la sécurité financière et sur la façon dont [nous nous assurerons] que les aînés demeurent indépendants dans leurs propres communautés et leurs propres maisons. L'organisation joue un rôle crucial en défendant les intérêts de ceux qui ont une voix et des sans-voix. Je considère que l'Association joue un rôle énorme dans le travail que je fais et que je ferai. »

Sur la façon dont elle combattra l'âgisme :

« Nous travaillons pour aider les communautés à devenir plus accueillantes pour les aînés. J'ai récemment coprésidé le Forum fédéral-provincial-territorial des ministres responsables des aînés, qui a fait de l'âgisme une priorité. De plus, le Conseil national des aînés s'est penché sur des questions liées à l'isolement social des aînés, à la participation des travailleurs âgés dans la main-d'oeuvre, au vieillissement positif et actif, au bénévolat, aux faibles revenus des aînés et à leur exploitation financière. »

Sur l'assurance-médicaments, que le NPD a intégrée dans son entente pour maintenir les libéraux au pouvoir jusqu'en 2025 :

« La lettre de mandat du ministre de la Santé demande explicitement de poursuivre la mise en oeuvre de l'assurance-médicaments universelle nationale. Je suis heureuse de voir que les soins dentaires pour les Canadiens, en particulier les aînés, fassent parti du budget de 2022. Un tiers des Canadiens n'ont pas d'assurance dentaire, et en 2018, plus d'un Canadien sur cinq a déclaré éviter les soins dentaires en raison de leur coût. En mars dernier, [nous] avons annoncé un complément de 2 milliards de dollars au Transfert canadien en matière de santé, pour éliminer les retards d’interventions chirurgicales et de procédures et [pour fournir] les soins de santé que les Canadiens méritent. »

 

Cet article a été publié dans le numéro du printemps 2022 de notre magazine interne, Sage. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?