Principes ESG et Régime de pensions du Canada

30 mars 2021
Principes ESG et RPC.
Les consommateurs, les gouvernements et les investisseurs des régimes de pension préfèrent de plus en plus les politiques soucieuses du climat.
 

Les participants se demandent souvent comment leurs fonds de pension durement gagnés sont investis, et en raison de la couverture médiatique accrue sur les malversations d’entreprise et l’évolution des connaissances par rapport à l’incidence des activités humaines sur le monde qui nous entoure, certains sont de plus en plus inquiets que leur argent finance des sociétés qui n’ont pas les mêmes valeurs qu’eux.

Le changement climatique et les sociétés ayant des antécédents sociaux et de gouvernance loin d’être exemplaires se trouvent en tête de liste de leurs préoccupations.

Les fonds de nos participants sont investis par une organisation indépendante appelée Investissements PSP. L’un des principaux piliers de sa stratégie de placement découle de principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Chaque année, Investissements PSP publie un rapport sur les placements responsables qui décrit l’approche du Fonds par rapport aux placements tenant compte de facteurs ESG. Pour cela, l’organisation procède à des évaluations physiques des risques climatiques de tous les actifs réels, réunit de l’information sur la durabilité des chaînes d’approvisionnement d’entreprises privées et s’assure que de solides pratiques de gouvernance sont en place.

Le reste du secteur des fonds de retraite en fait de même. En novembre 2020, un groupe représentant huit des plus importants régimes de retraite au Canada (certains des plus importants au monde), qui gèrent un total de 1,6 billion de dollars, a parlé d’une même voix pour demander aux entreprises de normaliser la divulgation de leurs renseignements environnementaux, sociaux et relatifs à la gouvernance, pour aider les investisseurs à prendre des décisions et à gérer les risques. Cela comprend les chefs de la direction de l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada, de l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public, du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario, de l’Alberta Investment Management Corporation, de la B.C. Investment Management Corporation, du Régime de retraite des employés municipaux de l’Ontario, du Healthcare of Ontario Pension Plan et de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Pour ce groupe, il ne s’agit pas d’un impératif moral, mais plutôt de gérer des risques financiers pour leurs investisseurs.

Ignorer les effets d’un phénomène comme le changement climatique peut avoir des conséquences financières. Par exemple, prenons les ouragans et les inondations, deux phénomènes naturels qui surviennent de plus en plus souvent depuis 1970 en raison du changement climatique. Ces catastrophes climatiques peuvent avoir une énorme incidence sur des placements dans les secteurs de la fabrication et des infrastructures.

Le fait que les consommateurs s’éloignent des émetteurs de carbone, comme les producteurs de charbon, de pétrole et de gaz, peut influer sur le prix des biens que ces sociétés produisent et mener à des pertes financières pour les investisseurs. Peabody Energy, une grande société charbonnière, a vu sa capitalisation boursière baisser de 20 milliards $ US au cours des dix dernières années, alors que 20 milliards $ US ont afflué dans des fonds tenant compte de facteurs ESG et d’autres fonds négociés en bourse axés sur certaines valeurs en 2020 (en date de septembre 2020).

En bref, les placements dans des sociétés et même dans des secteurs qui ne prennent pas les facteurs ESG en compte ne tiennent tout simplement plus la route.

D’un autre côté, les placements qui prennent le changement climatique au sérieux peuvent réaliser des gains. Les paris les plus sûrs comprennent des placements dans des puits de carbone, comme la foresterie et les agroentreprises ou des fabricants et des exploitants d’actifs relatifs aux énergies renouvelables. Alors que les consommateurs et les gouvernements préfèrent des politiques tenant mieux compte du climat, les investisseurs font pareil. Même si leur motivation peut différer de celle du militant moyen au sujet du changement climatique, le résultat est similaire : les principes environnementaux, sociaux et de gouvernance sont pris au sérieux.

Malheureusement, cette vision des choses n’est pas universellement partagée. Aux États- Unis, l’administration Trump a adopté une nouvelle règle, administrée par le ministère américain du Travail, qui empêche les fiduciaires de régimes de retraite d’acheter des fonds axés sur des facteurs ESG. La position du gouvernement Trump était que les stratégies de placement tenant compte de facteurs ESG sacrifient les rendements au profit d’objectifs qui ne sont pas liés au rendement financier, une opinion qui a été contestée par plusieurs études. Cette règle est entrée en vigueur le 12 janvier 2021, mais on s’attend à ce que l’administration Biden annule cette décision.

Au Canada, le député de Cowichan-Malahat- Langford Alistair McGregor a présenté le projet de loi C-231, qui obligerait l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada à respecter des principes ESG. Des entités médiatiques de droite protestent contre ce projet de loi, mais l’Office d’investissement du régime de pensions du Canada le fait déjà par choix. De plus, si l’on se fie à ses rapports financiers, les résultats sont des plus éloquents. Le Fonds est viable pour au moins 75 ans, selon sa plus récente évaluation par l’actuaire en chef du Canada. Le projet de loi C-231 a été présenté en février 2020 et en est à sa deuxième lecture.

 

Cet article a été publié dans le numéro de l’hiver 2020 du magazine Sage, dans notre rubrique « Infopensions », qui répond aux questions les plus courantes de nos membres au sujet de leur pension. Maintenant que vous êtes ici, pourquoi ne pas télécharger le numéro complet et jeter un coup d’œil à nos anciens numéros aussi?