Pour gérer l’approvisionnement en médicaments du Canada en réponse à la pandémie de COVID-19, les gouvernements, ainsi que les associations de pharmaciens et les organismes de réglementation, ont recommandé que les pharmaciens limitent la délivrance de médicaments sur ordonnance à un mois d’approvisionnement. Même si cette mesure est efficace pour garantir que tous aient accès aux médicaments dont ils ont besoin, elle entraîne des coûts et des difficultés supplémentaires pour certains Canadiens.
Une lettre du président de Retraités fédéraux Jean-Guy Soulière, a été envoyée au début d’avril à tous les ministres fédéraux, provinciaux et territoriaux de la Santé et des Aînés, pour les exhorter à se pencher sur les répercussions qu’auront les limites de prescription sur les Canadiens, en particulier sur nos populations les plus vulnérables.
Le 3 avril 2020
Monsieur le Ministre, Madame la Ministre,
L’Association nationale des retraités fédéraux (Retraités fédéraux) est le plus important organisme national de défense des membres actifs et retraités de la fonction publique fédérale, des Forces canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada ainsi que des juges de nomination fédérale, de leurs partenaires et de leurs survivants.
Forte de 176 000 membres à l’échelle nationale, dont plus de 60 000 vétérans et leurs familles, l’Association revendique des améliorations à la sécurité financière, à la santé et au bien-être de ses membres et des Canadiens depuis plus de 50 ans.
Retraités fédéraux s’inquiète des répercussions financières imprévues que certains Canadiens subiront, en raison des mesures que les gouvernements, les associations de pharmaciens et les organismes de réglementation ont mises en œuvre pour gérer l’approvisionnement en médicaments du Canada en réponse à la pandémie de la COVID-19. Tout en garantissant efficacement l’accès de tous aux médicaments dont ils ont besoin, la recommandation faite aux pharmaciens de limiter la délivrance des médicaments sur ordonnance à un approvisionnement d’un mois entraîne des coûts supplémentaires pour plusieurs Canadiens. Le fait d’exécuter des ordonnances d’un mois à l’autre pour les patients qui ont normalement des ordonnances de longue durée se traduit par des frais d’exécution supplémentaires. Si certains de ces frais peuvent être couverts par les régimes d’assurance publics et privés, le reste du coût est assumé par le patient.
Pour les Canadiens âgés de 65 ans et plus, ces coûts s’additionnent rapidement, car 66 % d’entre eux prennent cinq médicaments ou plus. De nombreux Canadiens âgés vivent avec un revenu fixe ou faible, ce qui signifie qu’ils n’ont pas les moyens de payer ces frais d’exécution d’ordonnance supplémentaires. Dans le cas de ceux qui travaillent encore, certains ont été licenciés ou ont vu leurs heures de travail réduites, ce qui réduit encore plus leurs finances. Les Canadiens âgés ont également tendance à avoir un système immunitaire plus faible et sont souvent aux prises avec des maladies chroniques et sous-jacentes, ce qui les rend plus vulnérables à la COVID-19 et aux complications du virus. Ce n’est vraiment pas le moment, pour les Canadiens âgés et les personnes vulnérables, d’être obligés de décider entre payer leurs médicaments ou d’autres articles de première nécessité. Plusieurs de nos membres nous ont déjà fait savoir qu’eux-mêmes ou une personne qu’ils connaissent ne savent pas comment ils vont payer leurs médicaments dans les mois à venir, compte tenu de ces nouvelles mesures.
Certains gouvernements provinciaux et territoriaux ont mis en place des mesures de soutien pour aider à réduire l’impact que les frais d’exécution d’ordonnance supplémentaires auront sur les particuliers, comme l’élimination des co-paiements du régime public d’assurance-médicaments pour les deuxième et troisième exécutions d’une ordonnance. Bien que ces mesures soient louables, il faut faire davantage pour soutenir tous les Canadiens, et pas seulement ceux qui bénéficient des régimes publics d’assurance-médicaments. Ces mesures doivent également être appliquées dans toutes les provinces et tous les territoires.
Nous comprenons que les frais d’exécution d’ordonnance sont une source importante de revenus pour les pharmacies. Nous savons également que les pharmacies ne facturent pas toutes de multiples frais d’exécution d’une même ordonnance; certaines se contentent de facturer des frais d’exécution d’ordonnance pour la première tranche de 30 jours d’une ordonnance de 90 jours. Toutefois, cette pratique est laissée à la discrétion des pharmacies et n’est pas appliquée de manière universelle ou uniforme. Nous nous tournons vers les gouvernements de tous les ordres pour qu’ils déterminent et mettent en œuvre des mesures d’allègement globales pour aider tous les particuliers qui devront faire face à des frais d’exécution d’ordonnance plus élevés en raison des limites d’exécution.
Parmi les autres mesures que les gouvernements pourraient prendre pour soutenir et protéger davantage nos populations les plus vulnérables, citons l’autorisation de faire des renouvellements anticipés ou une meilleure coordination des renouvellements, afin que les personnes qui prennent plusieurs médicaments puissent faire exécuter toutes leurs ordonnances en même temps. Ainsi, les Canadiens âgés et les personnes vulnérables qui doivent se rendre dans une pharmacie pour y retirer leurs ordonnances pourraient limiter leurs visites à une fois par mois.
Nous demandons respectueusement à votre bureau d’examiner ces questions et encourageons votre gouvernement à envisager de mettre en œuvre des mesures pour faire face aux répercussions financières que les limites de renouvellement des ordonnances auront sur les Canadiens, en particulier sur nos populations les plus vulnérables. Nous avons écrit à vos homologues provinciaux et territoriaux, pour leur demander de faire de même.
Cordialement,
Jean-Guy Soulière
Président, Association nationale des retraités fédéraux