L’Alberta présente un plan pour quitter le Régime de pensions du Canada

21 septembre 2023
Couple d’adultes enlacés.
L’épargne-retraite des Albertain·e·s doit servir à financer une chose et une seulement : leurs pensions de retraite.
 

Aujourd’hui, le gouvernement de l’Alberta a publié un rapport décrivant la manière dont l’Alberta envisage de se retirer du Régime de pensions du Canada, ce qui aurait des répercussions sur tous les Canadien·ne·s. Cette proposition reviendrait, pour l’Alberta, à retirer plus de 330 milliards de dollars — soit près de 60 % — des actifs du Régime de pensions du Canada.

Depuis 1966, les Canadien·ne·s investissent en toute confiance leur épargne-retraite dans le RPC. Plus de 650 000 Albertain·e·s sont bénéficiaires du RPC et l’actuaire en chef du Canada indique que le RPC est viable pour au moins les 75 prochaines années. Le RPC investit de façon durable et est protégé contre toute ingérence politique, ce qui peut nuire à la capacité du régime de verser des pensions. Le RPC a contribué à réduire le taux de pauvreté des personnes âgées, le faisait passer de 30 % en 1977 à 2 % en 2020.

Mais le gouvernement de l’Alberta a proposé de se retirer du Régime de pensions du Canada et de mettre sur pied un régime de pensions albertain (RPA). Les partisans affirment que cela permettrait d’investir en Alberta et que ce serait moins coûteux pour les Albertain·e·s, car la population de la province est relativement jeune. 

Voici ce que Danielle Smith a déclaré à propos du RPC, lors de la campagne pour la direction du Parti conservateur uni (PCU) : « Si l’on considère uniquement ce programme, il est clair qu’il permettra de financer tous les pouvoirs supplémentaires dont nous nous doterons, qu’il s’agisse de la nouvelle police provinciale de l’Alberta, qui représente 170 millions de dollars supplémentaires, ou de la perception de l’impôt sur le revenu des particuliers, qui représente 200 millions de dollars. »

Ces estimations reposent sur une incompréhension fondamentale du fonctionnement du RPC et des coûts qui seraient associés à un nouveau régime de pensions albertain. Pour l’administrer, il faudra y consacrer 525 millions de dollars chaque année. La population de l’Alberta est jeune parce que les jeunes travailleurs y ont émigré pour travailler dans le secteur du pétrole et du gaz, mais ce nombre a diminué au cours des dix dernières années, ce qui signifie que le coût d’un régime de pensions exclusif à l’Alberta augmenterait au fil du temps. Les adultes de plus de 65 ans constituent le groupe d’âge qui croît le plus rapidement en Alberta, représentant 15 % de la population totale de la province, soit plus de 725 000 Albertain·e·s. D’ici 2040, ce nombre devrait pratiquement doubler et dépasser 1,1 million de personnes. Au milieu des années 2040, un·e Albertain·e sur cinq aura plus de 65 ans.

Enfin, un régime de pensions albertain pourrait être soumis à des pressions politiques en matière d’investissement. Des investissements importants dans des projets dont les perspectives et les rendements à long terme sont médiocres auraient un impact négatif sur la viabilité du régime de pensions. 

Les régimes de pensions ne sont pas une monnaie d’échange politique. L’épargne-retraite des Albertain·e·s doit servir à financer une chose et une seulement : leurs pensions de retraite. 

Le Régime de pensions de l’Alberta qui est proposé s’accompagne de risques visant tout particulièrement pour les personnes proches de la retraite qui ont passé leur carrière à cotiser au RPC et qui en dépendent pour une grande partie de leur revenu de retraite. 

Un régime de pensions exclusivement albertain entraînera des coûts administratifs élevés pour sa mise en place et sa gestion, ainsi qu’une augmentation des coûts pour les Albertain·e·s au fur et à mesure que la population vieillit, de l’ingérence politique dans les investissements, ainsi que de l’incertitude et des risques pour les personnes qui peuvent le moins se le permettre.

Plus tôt cette année, le DG de Retraités fédéraux, Anthony Pizzino, a rédigé un article d’opinion qui a été publié dans le Globe and Mail (article en anglais). M. Pizzino commence l’article en soulignant qu’à peine 21 % des Albertain·e·s estiment que les provinces devraient se retirer du Régime de pensions du Canada, ajoutant que le RPC est toujours bien financé et qu’il a toujours versé des prestations en toute sécurité.